Merci Monsieur Taillibert (1926-2019)
ACDF Architecture
Volumes et lumière
Roger Taillibert est architecte. Il a consacré la majeure partie de sa carrière à construire des bâtiments-œuvres emblématiques, marqués de son anticonformisme et d’un profond sens de l’innovation. Constamment sous les feux de la rampe, Taillibert réalise des bâtiments aux formes souples et destinés, certes, à répondre aux besoins des usagers, mais surtout, à créer de fortes émotions. Pour lui, l’architecture doit provoquer de l’émotion, « Une nécessité pour l’être humain ». À cause de la nature novatrice des projets qu’il propose, Roger Taillibert s’avère un personnage médiatisé, très en vue. Dans les coulisses de sa pratique architecturale, à l’abri des regards extérieurs, des contraintes et des critiques, Taillibert s’évade dans l’étude des mouvements, des couleurs et des paysages qu’il fixe, cette fois-ci, sur des toiles.
Depuis ses premiers dessins d’enfant jusqu’à ses plans architecturaux, Roger Taillibert a plongé tout entier dans une créativité libre. Sa pratique assidue de la peinture longtemps restée cachée, méconnue du public, étonne par les contrastes de couleurs et la maîtrise des sujets. L’iconographie, majoritairement abstraite de ses tableaux qui laissent parfois entrevoir une figuration émergente et assumée, offre des thèmes de prédilection : l’architecture, le sport et la nature. Ces trois axes de création deviennent les piliers fondamentaux d’un homme qui a consacré sa vie à ériger des habitats confortables et rassembleurs pour ses contemporains.
Coloriste hors pair, l’artiste nous convie dans son univers où les volumes et la lumière témoignent d’un vécu riche d’expériences et de recherches sur la forme. Résolument moderne, pour ne pas dire avant-gardiste, l’œuvre architecturale et peinte de Roger Taillibert invite au respect et au recueillement. La musicalité, le rythme, la profondeur et la lumière qui émanent de ses tableaux sont empreints d’un mysticisme par la démesure de leurs formats. Tantôt fragments ou parcelles d’un continent, l’œuvre de Roger Taillibert est et demeurera intemporelle, car elle est universelle dans son langage plastique et visuel.
La narrativité dans ses créations convient au regardeur qui accepte la proposition qui rappelle ce que dit Marcel Proust de la littérature : « En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage d’un écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans le livre il n’eût peut-être pas vu en soi-même. » S’abandonner dans le foisonnement de l’œuvre excessivement riche de sens et de sensations de Roger Taillibert s’est aussi porter, dans son acception la plus grande, l’humanisme d’un grand homme qui s’incarne et se renouvelle au quotidien, et où il nous invite.
Biographie de Roger Taillibert
Né en 1926 à Châtres-sur-Cher, Roger Taillibert, membre de l’Institut de France, a construit des usines – usine Daf à Survilliers 1967, usine Coca Cola à Grigny 1987 –, des centres hospitaliers – Mende 1970, Saint Afrique 1978 –, ainsi que des complexes hôteliers – Montfleury à Cannes 1976. Il s’est également beaucoup intéressé à l’architecture de la fonction pédagogique. Nous lui devons le lycée sportif de Font-Romeu – 1967 –, la faculté de pharmacie Toulouse – 1980 –, et le lycée technique de Tours – 1988. C’est dans le domaine des équipements sportifs que Roger Taillibert acquiert une audience internationale. En 1966, pour la piscine couverte de Deauville, il dessine une structure originale composée de voûtes en béton surbaissé. L’espace développé par les voûtes et l’éclairage zénithal sont d’une exceptionnelle qualité. En 1967, il construit la piscine Carnot à Paris à toit escamotable. À cette occasion, il réalise les premières grandes membranes tendues repliables au monde – 2000m2.
En 1972, il édifie le nouveau Parc des Princes à Paris. Ce dernier se singularise par une couverture annulaire en porte-à-faux couvrant la totalité des gradins – 50 000 places – et laissant la pelouse à l’air libre. En 1975, il signe la conception du centre culturel et sportif de Chamonix et, en 1976, le centre olympique de Lille-Est. C’est en 1976 également que Montréal accueille les Jeux olympiques d’été dans l’ensemble dessiné par Roger Taillibert : un stade d’une capacité de 70 000 spectateurs surmonté d’un mât oblique et un vélodrome jouxtant le précédent. À la base du mât se loge le centre de natation avec toiture mobile, contenant trois bassins.
Parmi ses nombreuses autres œuvres figurent le golf club de Yamoussoukro – Côte d’Ivoire – 1983 –, le Centre international de sports à Luxembourg – 1983 –, l’Institut géographique national de Jordanie et des pays du Moyen-Orient à Amman – 1984 – et le complexe sportif « Les Pyramides » à Port-Marly en l’Île-de-France – 1987.
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